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L’ expatriation: entre illusion et réalité

Recevant régulièrement à mon cabinet des familles vivant l’expatriation et ayant moi-même vécu dans differents continents, j’ai pensé qu’il était intéressant d’écrire un article à ce propos. Les difficultés survenant durant le temps de l’expatriation dépendent bien entendu du vécu et de la problématique de chacun. Cependant, certaines problématiques récurrentes sont communes aux expatriés et à leur famille.

Cet article vise à informer et prévenir les risques de souffrances psychiques propres à ce vécu singulier qu’est l’expatriation.

Temporaire ou permanente, l’expatriation est à la fois une expérience unique et enrichissante, mais aussi un vrai défi émotionnel car elle demande à l’expatrié et à sa famille de s’ajuster au nouvel environnement. La communauté française à l’étranger est en forte croissance, entre 3 % et 4 % par an au cours des dix dernières années (soit environ 60 à 80.000 personnes par an).’

Chaque expérience d’expatriation se construit dans la continuité de qui nous sommes, de nos histoires individuelles.

Quelles sont les problématiques récurrentes émanant de l’expatrié? Du conjoint de l’expatrié ? des enfants ? peut-on prévenir les risques ?

LE CYCLE DE VIE DE L’EXPATRIATION

En dehors de toute problématique individuelle ou particulière au pays d’accueil, il existe globalement, sur la durée d’un séjour à l’expatriation, des grandes phases ou cycles dans l’adaptation « classique ».

Que vous soyez à votre première expérience à l’étranger ou bien un expatrié de longue date, la courbe de l’expatriation de McCormick et Chapman vous permet de mesurer le chemin parcouru jusqu’à maintenant. 

La durée de chaque période dépend essentiellement de la personnalité et des facultés de la personne à s’adapter à sa nouvelle situation.

La phase « lune de miel »

Durant la phase de la lune de miel, les sentiments dominants sont l’excitation et la fascination pour le nouveau pays. Cette étape est placée sous le signe de la découverte et de l’émerveillement ; tout semble exotique et c’est l’envie d’explorer le pays qui règne. Le changement de pays de résidence semble positif. C’est une phase d’euphorie qui va durer plus ou moins longtemps, en fonction du fossé existant entre les attentes de l’expatrié et la réalité.

Cet état est suivie d’une phase de désenchantement liée à un état d’impuissance face à une société étrangère comprenant des règles spécifiques, des valeurs et des traits culturels ; la réalité s’impose et devient moins idyllique.

La phase de crise dans l’expatriation

Cette étape nommée « choc culturel » est sans nul doute la plus difficile.

Ce choc culturel est une phase où l’expatrié doit apprendre à composer avec une nouvelle réalité. Les émotions qui dominent durant cette phase sont l’anxiété et la désorientation de l’individu qui est plongé dans un environnement différent de celui de ses origines. Outre le fait de devoir s’adapter à un nouveau travail, l’expatrié se rend compte du contraste entre la culture de son pays et celle de sa contrée de destination.

Dans les cas où un expatrié vit dans un pays où une langue autre que sa langue maternelle est parlée, celui-ci peut avoir des problèmes à s’exprimer et se sentir incompris de façon régulière. De plus, il peut également éprouver de la difficulté à comprendre les comportements des résidents locaux et même avoir l’impression que ces derniers ne l’aiment pas.

Finalement, l’expatrié est confronté aux réalités de son pays d’accueil et là, contrairement au regard porté par un touriste, tout n’est pas toujours beau. Cela peut génèrer chez lui un doute quant à ses capacités d’adaptation, ce qui lui fait adopter une certaine attitude négative. Même des problèmes mineurs peuvent devenir des sources d’agacement et de frustration. L’humeur de la personne s’en ressent et sa sociabilité en est affectée, ce qui peut créer un cercle vicieux.

Les facteurs de fragilité antérieurs au départ, les facteurs professionnels, sociaux, familiaux, ainsi que les facteurs propres à l’éloignement et aux situations des proches et amis à distance sont des paramètres qui peuvent impacter fortement cette phase.

Durant cette étape, une aide ou soutien psychologique individuel et familial peut être nécessaire.

La phase d’adaptation

Cette phase est appelée également “phase de réconciliation”. Pour la plupart des expatriés, le choc culturel prend fin à mesure qu’ils se familiarisent avec la langue et la culture du pays d’accueil.

L’expatrié essaie de déchiffrer les comportements et attitudes du pays étranger afin de chercher à se les approprier à son tour. Concrètement, il s’agit d’une période d’acculturation où l’individu commence à accepter les changements apportés par l’expatriation dans sa vie.

L’expatrié est davantage en confiance, plus sensible aux aspects positifs du nouvel environnement. Il modifie ses comportements à mesure qu’il comprend la culture de son pays d’accueil.

La phase de « maturité »

L’expatrié s’est acclimaté à sa vie dans son nouvel environnement. Il a pris ses repères et connaît désormais suffisamment les codes pour se sentir à l’aise et mener une vie plus normale. Il essaie de tirer les points positifs de son expérience et s’ouvre de plus en plus à l’extérieur. Il se sent à l’aise et, ayant davantage confiance en lui et en ses capacités, n’hésite pas à s’imprégner de la culture locale.

L’expatriation dans le cadre d’un projet professionnel

Le plus souvent, un projet d’expatriation intervient suite à un changement professionnel. Dans bien des cas, il s’agit de perspectives attrayantes : accès à d’autres responsabilités, promotion, enrichissement au contact d’une autre culture… Ici, l’expérience d’expatriation est intrinsèquement liée au contexte professionnel.

Les choses peuvent être compliquées pour le conjoint qui porte la responsabilité de la mobilité vers l’étranger et qui fait face à un changement de cadre de travail, ainsi qu’au stress de devoir relever de nouveaux défis professionnels. Il est en outre souvent la seule source de revenu du foyer. On parle de «la théorie du débordement » pour expliquer l’influence de la vie privée du salarié sur sa vie professionnelle. Si le stress des responsabilités professionnelles rencontre le stress de l’insatisfaction familiale, c’est tout le projet d’expatriation qui vacille.

Pourtant, une expatriation professionnelle réussie suppose de relever des défis bien au-delà du domaine professionnel. Si un conjoint ou une famille sont impliqués, il peut arriver qu’on ressente une pression supplémentaire à l’idée d’être responsable de ce projet. Dans ce contexte, il est essentiel de rester attentif aux manifestations anxieuses (difficultés de sommeil, irritabilité, fatigue chronique…) et de préserver un équilibre de vie qui donne toute sa place à l’épanouissement personnel dans la sphère privée.

L’expatriation pour le conjoint

Aujourd’hui, plus de 80 % des cadres s’expatrient à deux et, le plus souvent, c’est l’épouse qui suit. Moins de 5% des projets d’expatriation tiennent leur origine du travail de la femme (chiffres J.L. Cerdin « L’expatriation »). Dans les premiers temps de l’expatriation, l’équilibre de la famille est modifié, voire bouleversé, et chacun doit retrouver sa place dans un nouvel environnement. Cela peut se faire de façon très naturelle, sans souffrance particulière et avec beaucoup d’enthousiasme ; mais pour beaucoup de femmes qui « suivent » leur mari, le changement de statut se révèle très déstabilisant.

Selon un sondage Sofres datant de 2008, quasiment un couple sur 3 divorce suite à l’expatriation. En outre, le taux de divorce des expatriés est de 49% supérieur à celui des sédentaires. En effet, un couple qui connaît déjà des difficultés conjugales est, à la base, fragilisé pour affronter les difficultés inhérentes à l’expatriation, et les soucis initiaux s’amplifient.

Accompagner son conjoint à l’étranger est souvent synonyme de nombreuses opportunités, mais le changement brutal de contexte ne permet pas toujours de les identifier et de les saisir tout de suite. Très occupés par les préparatifs, soucieux de la bonne installation une fois arrivé dans le pays d’accueil, il n’est pas rare que la phase d’intégration personnelle soit alors vécue plus tardivement.

L’intégration pour le conjoint est souvent plus difficile car ce dernier ne bénéficie pas du cadre professionnel pour s’intégrer. C’est tout un parcours de réapprentissage du quotidien et de sa place dans ce quotidien qui attend le conjoint. Ce parcours prend du temps car le changement du contexte de vie implique nécessairement un temps de renoncement à ses repères passés. Par exemple, passer d’une position de “business woman” à un état de femme au foyer peut représenter un vrai choc pour certaines. Sans compter que ce changement induit souvent une évolution des regards, celui du mari, de la société, mais aussi des enfants et des amis ; il faut alors composer avec une nouvelle image de soi. Si elle s’installe dans le temps, cette transition peut donner lieu à un isolement grandissant, associé à des comportements phobiques ou un état dépressif.

Dans ce contexte, il est important de ne pas s’isoler, de maintenir la communication au sein de la cellule familiale, conjugale ou amicale.

L’expatriation pour les enfants

L’expatriation est un événement dans la vie d’un enfant. Un moment de transition qui peut être vécu avec enthousiasme mais, aussi parfois avec angoisse.

Pour les enfants qui évoluent dans un contexte d’expatriation de longue durée ou qui connaissent des expatriations à répétition, la question de l’identité surgit inévitablement.

Pour l’enfant expatrié, sans cesse confronté à l’altérité, le va-et-vient entre culture d’origine et culture(s) d’adoption s’apparente à une sorte de jeu d’équilibriste. Il peut s’avérer difficile pour lui d’éprouver un quelconque sentiment d’appartenance, de définir clairement ses origines.

L’enfant tend alors à se constituer une forme de culture d’expatriation, prenant un peu de chaque culture sans pour autant s’identifier réellement à l’une ou à l’autre. On parle alors d’enfant « de la troisième culture ». Pour l’enfant qui se définit comme nomade, « de partout », l’existence d’un sentiment d’appartenance sera davantage liée au vécu qu’aux frontières : il se sent naturellement proche de ceux qui ont une expérience similaire à la sienne.

Dans tous les cas, l’empreinte laissée par l’expérience de l’expatriation n’est jamais négligeable : l’adaptabilité et l’ouverture d’esprit sont deux qualités susceptibles d’accompagner les enfants expatriés tout au long de leur vie.

Selon l’âge de l’enfant, les modes d’expression des difficultés seront différents. Sans risquer une trop grande généralisation, on peut parler de manifestation de régression chez l’enfant préscolaire, de manifestation anxieuse chez l’enfant de plus de 6 ans, et c’est à l’adolescence que l’on retrouvera des difficultés plus profondes en lien avec les nombreux remaniements déjà en jeu à cet âge.

L’expatriation pour les adolescents

Pour Adélaide Russell, « plus l’enfant grandit, plus sa vie se complexifie et s’enrichit de liens divers, et moins ses parents s’avèrent être ses uniques références au quotidien. C’est pourquoi l’expatriation est plus simple avec de jeunes enfants et bien plus délicate avec les plus grands ». Lorsque les enfants sont jeunes, il est facile de les aider à socialiser car bien souvent, à ce stade, on ne parle pas de véritables amitiés, mais de partage des moments de jeux. En revanche, au moment de l’adolescence, lorsque l’identité se construit, passer d’une culture à une autre peut s’avérer très délicat. Les amitiés sont très importantes, les ados aiment évoluer au sein du groupe groupe avec lequel ils partagent les mêmes codes vestimentaires, musicaux, etc.

Conclusion

Que l’expatriation soit courte, longue ou répétée dans le temps, chacun des membres de la famille s’engage dans un processus de changement où son identité, être « soi-même », sera questionnée et parfois malmenée. Il s’agira de maintenir un équilibre entre l’individu tel qu’il a été chez lui, ailleurs, et ce qu’il doit être ici, avec l’exigence d’un projet d’expatriation et d’une nouvelle société d’accueil. Dans l’expatriation s’engage un processus dynamique où les différentes sollicitations de notre culture d’origine, et celles réelles et imaginées du pays d’accueil, vont mettre à l’épreuve nos capacités de créativité et de réaménagement personnel.

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